[Laicite-info] Face aux communautarismes, Vincent Peillon présente sa "charte de la laïcité"

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 9 Sep 09:20:21 CEST 2013


Face aux communautarismes, Vincent Peillon présente sa "charte de la 
laïcité"

Publié par : LE MONDE
Le : 07.09.2013
Par Mattea Battaglia

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Il y a tout juste un an, Vincent Peillon avait créé la surprise en 
lançant l'idée d'un enseignement de "morale laïque" de la maternelle au 
lycée -- rebaptisé depuis, plus modestement, "enseignement moral et 
civique" et reporté à 2015. L'enthousiasme de l'opinion publique avait 
pris de court les observateurs de l'école, plus de neuf Français sur dix 
se disant alors favorables au projet.

En cette rentrée, un deuxième acte se joue : c'est une "charte de la 
laïcité" que le ministre de l'éducation veut voir affichée dans tous les 
établissements scolaires. Presque tous : en vertu de leur "caractère 
propre", les 8 800 établissements privés sous contrat, qui accueillent 2 
millions d'élèves, ne devraient pas être concernés.

Qu'en est-il sur le terrain ? Beaucoup d'enseignants semblent d'accord 
"sur le principe", en attendant de connaître le contenu exact de la 
charte. Celle-ci doit être dévoilée lundi 9 septembre, lors d'un 
déplacement du ministre dans l'académie de Créteil. Mais ses grandes 
lignes et ses visées ont déjà été divulguées dans un entretien donné à 
la presse régionale, le 26 août. "La question de la laïcité ne doit pas 
tourner à l'obsession de l'islam, soulignait Vincent Peillon. La très 
grande majorité de nos compatriotes musulmans est convaincue des 
bienfaits de la laïcité. Chacun est libre de ses opinions. Mais pas de 
contester un enseignement ou de manquer un cours. La charte rappellera 
les principes."

"POUR LES COLLÉGIENS, LAÏCITÉ RIME AVEC INTERDICTION"

Ce document d'une quinzaine d'articles se veut un rappel, synthétique, 
des règles du vivre-ensemble en milieu scolaire. Quelques phrases 
faciles à lire pour les élèves et leurs familles. "La plupart du temps, 
les collégiens que j'ai face à moi pensent que laïcité rime avec 
interdiction, qu'elle est là pour les empêcher d'exprimer leurs 
croyances, témoigne Benjamin Marol, membre du SNES-FSU, enseignant 
d'histoire-géographie à Montreuil (Seine-Saint-Denis). S'ils la 
perçoivent comme liberticide, c'est bien que le contresens est total. 
Une charte ne peut qu'être bénéfique. Encore faut-il que l'enseignant 
soit formé pour s'en emparer !" Ce trentenaire n'a pas le souvenir 
d'avoir été sensibilisé à ces problématiques à l'IUFM. "C'est mon 
expérience personnelle de citoyen qui me permet d'intervenir au mieux", 
affirme-t-il.

Pour Iannis Roder, enseignant la même discipline dans le même 
département, et coauteur il y a dix ans du livre Les Territoires perdus 
de la République (Mille et une nuits), "cet affichage d'une charte fait 
sens". "S'il y a besoin de la placarder, c'est bien qu'il y a des 
difficultés. On a là une reconnaissance de problèmes dont on ne parle 
pas. Pour certains élèves, qui se font le relais de ce qu'ils vivent, la 
loi religieuse prime, à l'école, sur la loi de la République."

Ces difficultés se nouent surtout autour de certaines disciplines, 
certains points du programme. L'étude de textes religieux en 6e ou en 
5e, l'enseignement de l'histoire de la Shoah en 3e et en 1re, le conflit 
israélo-palestinien au lycée. En biologie, les cours sur l'évolution, 
sur la sexualité. En sport, à la piscine, en arts plastiques, mais aussi 
hors de la classe, à la cantine, dans la cour de récréation, lors de 
voyages scolaires...

DES RETOURS DU TERRAIN IMPOSSIBLES À QUANTIFIER

"Les remontées au niveau du Haut Conseil à l'intégration [HCI] qu'on a 
pu avoir en 2012-2013, de la part d'enseignants un peu démunis, sont de 
deux natures", explique Jean-Louis Auduc, ancien directeur d'IUFM et 
membre du HCI. Primo, des difficultés sur les contenus enseignés [...] 
et ce toutes religions confondues. Secundo, des problèmes liés aux 
revendications individuelles à la cantine -- 'Je mange halal' mais aussi 
'Je suis végétarien'." Impossible de quantifier ces "retours du 
terrain". La Rue de Grenelle n'avance aucune statistique sur les 
incidents en lien avec la religion.

"Recrudescence ? Diminution ? Je n'ai pas la réponse, affirme Dominique 
Borne, doyen honoraire de l'inspection générale de l'éducation 
nationale. Si les pratiques religieuses continuent de décroître, des 
extrémismes s'affirment. Mais, à ma connaissance, quand on explique aux 
élèves ce que recouvre le principe de laïcité, quand on les incite à 
raisonner leurs croyances, leurs incroyances, on désamorce bien des 
difficultés."

Pour y arriver, la charte de la laïcité constitue un nouvel outil à 
l'adresse des enseignants. Mais il ne saurait leur suffire, sans 
formation. Le ministère prépare un "kit pédagogique" qui est en cours de 
finalisation. Les "écoles supérieures du professorat et de l'éducation", 
qui ouvrent leurs portes ce mois-ci, seront impliquées.

"Qui peut être contre la charte ? Personne !", s'exclame Philippe 
Tournier, du syndicat de chefs d'établissements SNPDEN. "Mais il ne 
suffit pas d'afficher un énième règlement pour changer les pratiques, 
relève-t-il. Si l'on veut réduire les inégalités, lutter contre les 
phénomènes communautaristes qu'on a laissé s'amplifier dans certains 
établissements, il faut s'attaquer au creusement du fossé entre les 
établissements, réformer une carte scolaire qui accentue les phénomènes 
communautaristes et ethniques." La carte scolaire : le vrai chantier, 
mais un chantier à peine ouvert au ministère.

Mattea Battaglia

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Charte de la laïcité : 17 articles comme la Déclaration des droits de 
l'Homme

Publié par : LE MONDE
Le : 07.09.2013
Par Mattea Battaglia

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En décembre 2012, Vincent Peillon avait annoncé l'élaboration d'une 
"charte de la laïcité" destinée à être diffusée en milieu scolaire. 
Soumise à l'avis du Conseil supérieur de l'éducation, le 10 juillet, la 
première version du texte, qui ne devrait être que peu remaniée avant sa 
diffusion officielle, ce 9 septembre, comprend 17 articles. Autant que 
dans la Déclaration des droits de l'Homme.

Certains articles viennent rappeler, dans une langue claire, le sens de 
la laïcité, souvent mal comprise, parfois instrumentalisée. Article 4 : 
"La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre 
de croire ou de ne pas croire" Article 7 : "La laïcité de l'école offre 
aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur 
libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté. Elle les 
protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient 
de faire leurs propres choix."

Un article fait clairement référence aux difficultés que des enseignants 
peuvent rencontrer en cours. Article 15 : "Aucun élève ne peut invoquer 
une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le 
droit de traiter une partie du programme." L'article 16, lui, renvoie à 
l'application de la loi de 2004, en rappelant que "dans les 
établissements scolaires publics, le port de signes ou tenues par 
lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance 
religieuse est interdit". Aucune référence au port du voile pour les 
mères accompagnant les sorties scolaires. "Et pour cause, relève le 
doyen de l'inspection générale, Dominique Borne, ce n'est pas l'objet de 
la charte que de remplacer un texte de loi."

MILLE ET UN TEXTES

L'enjeu : un document facile à lire pour les élèves et leurs familles, 
facile à transmettre et à faire vivre par les personnels -- qu'ils 
soient enseignants, conseillers principaux d'éducation ou chefs 
d'établissements. Plus adapté, aussi, que la charte éponyme diffusée 
dans les services publics depuis 2007, et dont tout porte à croire 
qu'elle n'a pas trouvé sa place à l'école. "Sur ces thématiques, il y a 
eu mille et un textes et règlements, aboutis ou non", rappelle l'ancien 
directeur d'IUFM Jean-Louis Auduc. Un "livret républicain" sous 
Mitterrand, un "guide républicain" -- 230 pages ! -- une "charte de la 
citoyenneté"...

Reste que la clarté d'un document n'est pas un argument en soi. "Il ne 
suffit pas d'afficher les grandes principes de la laïcité au mur pour la 
faire vivre", observe Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, syndicat 
d'enseignants majoritaire à l'école primaire. "Il faut armer les acteurs 
pour arriver à les faire partager une laïcité qui rassemble et non pas 
qui exclut."

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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